Réflexions scions scions... Dérisions...
J'ai en tête un goût pour la liberté, pour l'indépendance de créer, je
peux le faire sans argent, il ne faut rien qu'un espace de jeu, un
espace pour le spectateur. Je n'ai jamais quantifié ma réussite à
l'argent.
Je regarde ces sollicités qui distribuent leurs aumônes et je ne peux m'y faire. Trop d'orgueil peut être.
Je
confie mon texte à la providence de celui qui peut être le lira parce
qu'il tombera dessus, par hasard ou par destin, selon les croyances, et
qui s'en trouvera peut être touché. Mais je n'irai pas faire la pute,
crier parmi les sourds que j'existe, je n'ai pas besoin d'eux pour
exister, même pas pour survivre.
Hier, je suis allée au théâtre
du rond point pour donner le texte de ma pièce à l'accueil comme on me
l'avait expliqué au téléphone. Il y a un comité de lecture, qui est là
pour lire et découvrir de jeunes auteurs. j'ignore combien ils en
reçoivent, j'ignore s'ils les lisent vraiment, ils en lisent forcément
quelques uns. Aucune importance... Devant le théâtre se trouvait Mr JM
Ribbes, directeur du dit théâtre. j'ai mis ma sauvagerie de côté et je
suis allée me présenter avec ce sentiment de l'inutilité de ma démarche
et en même temps se petit truc qui dit, fait le quand même. Mr Ribbes
m' a courtoisement serré la main, je n'ai pas dû être souriante, trop
concentrée sur l'effort que je faisais pour ne pas dire d'ânerie:
"
Je me permet de me présenter, Luciole, je travail avec le Centre
dramatique national de Nice, je suis dans l'équipe pédagogique. ( Le
CDN il connaît, il a déjà joué la bas, il connaît bien son directeur
Daniel Benoin. )
Lui: Ah, ah bon, ah oui...
Moi: Je viens déposer un texte pour le comité de lecture
Lui: Ah oui.
Moi: ( c'est là que je suis une andouille) Je le dépose à l'accueil
Lui: hum, oui, oui.
Et déjà il parlait à quelqu'un d'autre, je l'avais interrompu, il faut dire.
Je dépose mon texte à l'accueil, je lui dit au revoir en repartant, il ne répond pas, ma voix devait être si faible qu'il n'a pas dû entendre. Je suis sure de lui avoir laissé un souvenir aussi périssable que la durée de vie d'une tablette de chocolat que j'ai envie de manger dans ces moments là. Rires
Mais j'étais fère de moi quand même, parce que cet effort sur ma timidité m'a donné le sentiment d'avoir fait de mon mieux.
Tout
ce qui a été bon pour moi, l'a été parce que mon travail a été reconnu.
Alors, mon but aujourd'hui, juste m'offrir cette possibilité, que mon
travail soit reconnu, Je ne me cacherai pas, mais je n'irai pas
m'exhiber non plus, je ne peux pas forcer ma nature à ce point.
Je
dois donner ce texte à d'autres théâtres, je crois dans ce travail, plus
que dans tout les autres travaux que j'ai pu réaliser. Alors je me dis
qu'il rencontrera les bonnes personnes pour que son aventure aille
jusqu'au bout... Est ce que ce ne serait pas ça qu'on appelle la
confiance...
Les personnes comme Mr Ribbes sont tellement sollicités... S'ils ne sont pas inaccessibles, leur tache est immense.
c'est
pourquoi peut être pour moi, il y deux facettes à mon métier, celui qui
me permet de vivre le réel, me nourrir, m'habiller, manger du chocolat
en cas de grande necessité, qui est l'enseignement du théâtre et j'ai
la chance d'aimer le faire. Et puis il y a tout ce qui touche à la
création, et là mon indépendance est vitale. Je ne crains pas tant la
censure morale que la censure de l'argent, elle nous touche bien plus
profondément aujourd'hui, d'autant plus dangereusement qu'elle paraît
légitime à beaucoup.
L'art ne doit jamais être sous la tutelle
de l'offre et de la demande, parce qu'alors il n'y a plus de créations,
il n'y a plus que du divertissements, c'est utile le divertissement,
mais ce n'est pas suffisant. Il y a des artistes précurseurs qui ne
rencontrent pas leur public et qui pourtant sont à l'origine de
mouvement de pensées qui ont fait bouger toute la société moderne.
Je
ne pense pas être de ceux là, je suis plutôt de ceux qui transmettent
les possibles... Pédagogue dans l'âme, il faut croire... Sourire...
Mais il m'arrive parfois, surtout quand j'écris d'avoir cette sensation
d'être traversée par quelque chose, c'est dans ces moment là que je me
sens la plus créative.
Quelques réflexions nées de mes lectures, je prépare un examen... ça se sent non? Rires...