L'arbre
Mon regard se perdait sur l'horizon. La montagne, puissante, vivante, verte et sèche à la fois, les roches des sommets découpées sur un bleu comme seul le ciel sait faire. Les couleurs, la lumière... J'étais assise en face d'elle, sur l'herbe, il y avait un petit vent, léger comme une caresse, un cadeau du moment pour que je puisse me sentir feuille. Toujours un papillon sur ma main, dans mes cheveux, très sociable les papillons...
Mon regard se perdait sur l'horizon quand je l'ai vu. Il se dressait, et je ne voyais plus que lui, gris, mort, debout, puissant et brisé. l'arbre qui avait reçu la foudre, divisé en trois pointes, tendu vers le ciel comme pour dire merde à la mort. Autour de lui tant de vert, tant de vie. Il était là, seul, il était magnifique et puissant, il était mort. Je me suis mise à sangloter, des gros sanglots incompressibles, j'ignore pourquoi... L'arbre était en moi je crois, peut être me disait il sa vie qu'il avait quitté, peut être me disait il la mienne que j'ai quitté.
Je me suis allongée dans l'herbe, j'ai cherché dans la terre ma sève pour que la vie me gagne à nouveau, j'ai été prise de terreur, je n'étais pas morte, j'étais la mort... Je cherchais par toute ma peau à retrouver ma lumière et je n'avais que mon ombre. Ma part obscure, celle que je me cache en contre jour... A porter ce nom de lumière, je me suis refusée ma part d'ombre. L'arbre me l'a révélée, choc violent, j'ai découvert en moi une autre puissance effrayante, celle de la mort. J'ai eu peur que la lumière ne revienne pas, j'ai pleurer en regardant cet arbre, j'aimais cet arbre.
Je ne sais pas combien de temps cela a durer, une sorte de transe, d'absence, au coeur de la dualité, de la vie et de la mort. Une femme est venue vers moi, sans parole, elle m'a prise dans ces bras et doucement son contact, sa chaleur m'a redonnée vie, je me suis apaisée, je me suis retrouvée. Je crois qu'elle m'a enfantée à nouveau.
Pour avoir traverser mon inconscient, je devine la force de chaque symbole dans cette expérience. Mais je n'ai pas envie de mettre d'autres mots que ceux là, que je viens d'écrire. Je n'oublierai jamais ce moment, cet arbre, mes larmes, la terre, cette femme, mon apaisement. Je n'oublierai rien. Je connais ma part d'ombre, je connais sa force, c'est peut être ça qu'il me fallait pour trouver l'équilibre du funambule, puisque c'est ainsi que je mène ma vie, toujours sur le fil, suspendue entre ciel et terre, entre mort et vie.