Pas encore arrivée

16 juin 2005

Photo Barfly: "Peur"

Dans cet avion qui m'emmenait vers mon avenir, je planais au dessus des nuages, nid cotonneux de mes questions qui començaient à naître.

Quand j'arriverai, personne pour m'accueillir, je verrais ces voyageurs retrouvés les gens qui les aimes, et moi j'irai seule reprendre mes valises, je souriais parce que cette solitude était le signe de ma liberté... Bien sur j'étais terrifiée, bien sur, j'avais mal au ventre: et si je me perdais, et si je ne démarrais jamais rien, si je restais au point mort...

Perdue, oui, dans le tourbillon de cette nouvelle vie, de cette nouvelle ville...

C'est là, en attendant mes bagages que je l'ai vu, il avait un air familier, je me suis demandée pourquoi, ici, alors que tout est neuf ai je cette sensation de déjà vu... Il m'a souri, comme ça sans raison, j'ai répondu à son sourire, et puis mes valises sont arrivées et j'ai disparu dans la foule.
Course nouvelle, chercher un taxi, donner cette adresse, la vie reprends ses droits, les élans sont déjà là, tourbillon incessant, ne pas s'arrêter de courir et se sentir vivante. Aucun arrêt, construire, rebâtir, ma vie, des rencontres, encore des rencontres, je courrais vers l'infinie nouveauté.

Et puis un soir que j'étais essoufflées, me reposer sur ce banc, croisé au hasard de mes folies... Seule à nouveau, avec une telle fatigue, ce brassage de vide, qu'étais je venu chercher déjà? Je me suis mise à pleurer d'épuisement, de peur enfin révélées, et si... et si... des angoisses remontées , mes valises lourdes à nouveau... Une envie de mourir sur le bout de la langue, mourir ou dormir simplement. Perdu ma quête, perdu le sens, perdue... Je pleurais comme une petite fille abandonnée, c'était moi qui m'étais lâchée la main...

Et puis encore une fois, l'orgueil peut être, une force qui remonte du plus profond de mes enfers déjà surmontés, je ravale mes larmes salées, je reprends un bouffée de souffle de vie. J'essuie mon visage, j'esquisse un sourire pour moi, me sourire c'est m'aimer un peu, c'est le début de mon redépart, je regarde autour de moi, comme pour prendre de nouveaux repères et mes yeux s'arrêtent sur lui, une deuxième fois. Il me sourie, comme ça sans raison, je lui rends son sourire, il vient de me faire un cadeau, il le sait, je viens de me sentir belle dans le miroir de ses yeux. Je me lève et c'est reparti encore une fois dans la vie...

Ainsi de suite à l'infini, enchaînée au rythme de ma vie, entre espoir fou et folle désespérences, entre force de titans et faiblesse de l'esclave, du travail, des amours, et toujours ce cycle, toujours ce retour sur la case départ, et toujours lui croisé dans un sourire que je ne reconnais pas. Chemin de vie que j'ai cru vertical, que j'ai craint cercle fermé et que j'ai découvert spiralé. Dans la fiction de mes rêves, cet ange qui me sait et qui veille, un jour le reconnaître, l'ange de mes ailes du désir...