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le blog de luciole
1 juin 2005

Trouver sa voix...

"C'est l'histoire d'un ténor qui veut le fauteuil d'une basse... Et qui a trouvé l'arme fatale: la sixte majeur!"

Mais qu'est ce que la sixte Majeur? C'est toute la question... On y reviendra le moment venu.
Un ténor qui veut le fauteuil d'une basse a de quoi surprendre! Le ténor, c'est toujours la star de la partition, tandis que la basse n'en est que le faire valoir... Seulement voilà, quand les chaises musicales de l'amour se mettent à tourner, on a quelques surprises...

Ainsi donc le ténor était marié à une Soprano, sublime voix de moineau. Elle l'avait ensorcellé dès le premier son sorti de ce magnifique gosier... Elle avait bien voulu de lui, de sa voix haute et claire comme l'eau de la roche... Leur deux voix étaient inséparables... Inséparables, jusqu'à ce que l'orage d'une voix de basse surgit dans leur amour. Il avait la voix puissante des dieux, caressante d'un homme de chair et de sang, envoûtante tel un sorcier qui chante la transe... La soprano ne put résister longtemps à l'onde de choc... Elle suivit cette voix nouvelle et se retourna comme à regret mais elle n'y pouvait rien, la voix avait tracé sa nouvelle destinée... La basse l'emmena dans les tréfonds de ses désirs, elle dut dire adieu à la paix, adieu la clarté, adieu l'eau de source, elle se laissa glisser, remuer, fouiller, elle laissa la voix, la basse, la posséder.

Le ténor en perdit sa voix, il errait de chemins en chemins, il les savait tout deux perdus et lui même se cherchait, quand il fit une rencontre étonnante...

C'était une autre voix, la voix d'une femme, d'une humaine, elle ne chantait pas mais sa voix était mélodieuse, la voix de la vie. Quand le ténor fit sa rencontre, haletant, épuisé, c'est comme si le désert lui offrait enfin une oasis, un peu d'ombre où se reposer, où nourrir sa soif...
Mais de quoi avait il soif? Ce fut la première question qu'elle lui posa. Longtemps il ne su que répondre, c'était une énigme...
Au bout de plusieurs mois, elle reposa sa question, il dit alors: " De vengeance!"
Elle sourit à sa colère, et lui dit: " je peux t'apprendre à jouer de l'épée, tu peux provoquer en duel cette basse et la tuer, je connais une passe qu'on appelle la sixte majeur, les escrimeurs connaissent la sixte, qui n'est qu'une parade, moi je peux t'apprendre ce que tout le monde ignore, avancer comme pour se défendre et mordre, tu lui trancheras la gorge!" L'idée de le voir baigner dans le sang de sa voix le réjouissait et lui donna un soulagement passagé, pourtant il ne l'apprit pas...
Quelques mois passèrent encore et elle reposa sa question: " de quoi as tu soif?" Alors les larmes coulèrent sur le visage du ténor et il dit: " De pardon, je suis épuisé de ma colère, j'ai  soif de leur pardonner et j'ai soif aussi de la retrouver, elle me manque, elle a emmené ma voix avec elle, sans elle je n'ai plus de chemin, je n'avance plus..."
Elle lui dit: " Tu te trompes, tu n'as cessé d'avancer depuis qu'elle est partie, mais si tu veux la sortir de l'emprise de cette voix de basse alors je peux t'apprendre un chant qui se compose d'un accord majeur, il s'appelle la sixte majeur"

Le ténor travailla avec acharnement, il perdait sa voix, tantôt elle revenait, il perdait confiance, tantôt elle revenait... Au bout de longues journées, il pu chanter ce chant de l'impossible, alors il quitta l'humaine et s'en retourna vers la soprano.

Il la retrouva sur un bord de route, la voix cassée d'être descendue trop bas, La voix de basse s'en était allée avec une alto bien mieux à même de le suivre, et l'avait laissée là. Elle n'avait pu bouger, elle était si habituée à suivre une voix, que ferait elle sans le chant d'un homme dans sa vie? Quand elle  vit le ténor s'approcher, elle lui sourit, essaya de chanter mais sa voix était brisée de larmes et de douleurs et de regrets, elle avait perdu son charme. Quand il comprit qu'elle ne pouvait chanter, il su que son arme fatale était inutile, il su qu'elle l'attendait. Il lui prit le bras et il partirent ensemble sur la voie.

Ils rencontrèrent l'humaine à nouveau qui leur dit: " Sais tu pourquoi tu as appris le chant de la sixte majeur?" Il dit: " Pour la reconquérir, mais je n'en ai pas eu besoin!"
"Non" dit elle " C'est pour elle, pour qu'elle puisse chanter à nouveau, pour qu'elle puisse chanter son propre chant, pour qu'elle n'ait plus besoin de suivre une autre voix que la sienne! Sans cela, vous ne pouvez vous retrouver vraiment!"
Il dit encore: " Mais si elle n'a plus besoin de ma voix, pourquoi restera t-elle?"
L'humaine sourit encore: " Besoin de ta voix? Est ce que cela l'a empêchée de te quitter? Réflechi ténor..."

Alors le ténor appris le chant de l'impossible à la soprano, et tout deux unis par ce savoir partagé, ils purent trouver leur voix respectives.

Ce texte est ma deuxième participation au jeu de Kozlika...

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Commentaires
L
Merci, merci, c'était pas facile comme accroche, mais je me suis bien amusée
L
Chacun sa voix, oui, mais malheur! Crocodile égosillé ne pourras donc me faire entendre la sienne? C'est moi qui suis sans voix puisque les commentaires chez toi sont en pannes... Alors mon com à ton poème de ce soir est:<br /> Je veux bien t'enrôler, mais pour quel rôle? Le crocodile?
A
J'aime bien ton histoire. elle est bien jolie, bravo.
M
S'aimer à l'unisson,<br /> plutôt à chacun sa voix...<br /> <br /> Le croco égosillé te bise Capitaine...
L
de rien, ce fut vraiment un plaisirs!
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