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le blog de luciole
19 février 2006

Mes premiers pas...

De vous parlez de mes répétitions, d'avoir des mots déposés comme des graines de curiosité eveillée, me donne envie d'aller un peu plus loin ... Une envie de creuser ... C'est quoi ce métier qui fascine beaucoup, qui provoque parfois une admiration démesuré, parfois un mépris qui l'est tout autant ?... Difficile de répondre à cette question parce que c'est mon métier, non seulement j'y suis habituée, mais aussi, je ne connais que celui là. J'aime mon boulot, dire ça est une fadaise, j'ai besoin de mon métier est plus juste.

Peut être je devrai commencer par le début, par ma découverte.

Le tout début, c'est une petite fille qui écoute sa grande soeur de derrière une porte fermée... Elle avait quinze, seize ans, ma mère l'avait inscrite dans un cours de théâtre. Ma mère avait dit : " Tu as du tempérament"... Et voilà c'était parti. Ma soeur donc faisait du théâtre. J'avais onze, douze ans. Elle s'enfermait dans sa chambre pour répéter ses textes et j'avais interdiction d'entrer pendant ces moments là. Il n'y a pas mieux que l'interdit pour exciter la curiosité. Je l'écoutais donc au travers d'une porte . Ça me faisait rire parce que je l'entendais pester, jeter son livre  à travers la pièce... Et comme elle parlait des textes qu'elle travaillait, je me mis à les lire.
Un jour, j'ai eu à apprendre une poésie pour l'école. C'était "le loup et l'agneau" de La Fontaine. Ma mère avait demandé à ma soeur de me faire réciter et celle ci c'était prise au jeu. Elle me mit en scène pour ainsi dire... J'appris à prendre la voix du loup, la voix de l'agneau, la voix du narrateur, à accompagner tout cela des expressions de mon visage. Je m'amusais comme une folle. Le lendemain en classe, je levais la main bien haut en priant de toute mes forces que mon institutrice me demande de réciter et c'est ce qui arriva. Le coeur palpitant, je remontais le rang d'élèves vers le tableau. Face à eux, je commençais ma récitation comme ma soeur me l'avait montré. Les élèves  commencèrent à rire et plus ils riaient plus j'avais envie d'en faire, plus ils riaient, plus j'avais de plaisir. Je crois que c'est ce jour là que j'ai compris cette nuance entre "rire de " et "rire avec". Ils riaient avec moi, ils étaient contents. A la fin de ma poésie, je me retournais, inquiète, vers mon institutrice, ne sachant comment elle allait prendre cette initiative. Elle me mit un 18 en récitation.

Si je vous raconte cette histoire, c'est pour vous dire que tout à commencer par là. Par la reconnaissance, par les regards qui se posaient sur moi et qui me donnaient corps. De la petite fille effacée, timide, peureuse, que j'étais, j'étais passée à la trop rigolote et c'était bon à prendre.

J'ai attendu très longtemps avant de dire cette envie qui me tenaillait de faire du théâtre. D'abord, je voulais qu'on m'entende et qu'on ne prenne pas ça pour un caprice, pour un truc "rien que pour imiter ma grande soeur". J'ai attendu que ma soeur elle même déclare qu'elle voulait s'arrêter. Elle avait un peu plus de 20 ans, j'avais un peu plus de seize ans.

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J'y suis allée sur la pointe des pieds, discrète comme j'avais su le rester, l'air de rien. Ma mère m'a inscrite dans un cours de quartier, c'était un cours pour adulte, j'étais la plus jeune. Le premier jour, le prof me fit monter sur la scène. J'avais peur, j'étais impressionée, mais comme à mon habitude je n'ai rien montré. Je suis monté sur la scène, un jeune homme est venu à mes côtés. Le prof nous a demandé de lire un extrait. C'était "l'aigle à deux têtes" de Cocteau. J'ai lu. Je n'ai rien fait d'autre que de lire, simplement. Quand j'ai eu fini. Il y eu un tout petit silence, j'attendais qu'il me demande de faire autre chose. Il a juste dit : " Tu as déjà fait du théâtre, nespa". Ah, ce "nespa", vous ne pouvez imaginer comme j'en étais fière, rire. Non, je n'en avais jamais fait. Puis très vite les autres membres du groupe : "c'était bien, tu as très bien lu" etc... Comment ne pas tomber en amour pour la scène ? J'avais seize ans, un prof me trouvait doué, des "grands" avaient de la considération pour moi. J'ai su ce jour là ce que je voulais faire.

Toute ma vie s'est tournée vers ça. J'étais paresseuse comme toutes les adolescentes, là je ne l'étais plus, le théâtre a déclenché une motivation que je n'avais jamais ressenti pour rien d'autre. Juste parce qu'on me regardait, qu'on me prêtait de l'attention et que pour cette sensation, j'aurais soulevé des montagnes.
J'ai raté mon bac, je l'ai eu l'année suivante au rattrapage. J'ai trouvé un boulot de caissière dans un grand magasin Parisien et je me suis inscrite à un cours de théâtre pour une formation professionnelle de l'acteur. C'est là que ma motivation s'est transformé. Mais ça, je vous le raconterai une autre fois...

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Commentaires
L
Oui, je sais cela... Mais n'empêche, chaque chose à son revers de médaille et parfois j'aimerais ... me reposer de moi même... sourire...
E
Je n'aime pas lire "je me sens trop pour tout", non moi je dirais que tu es une passionnée... C'est sans doute parce que j'en suis une aussi. <br /> Je suis excessive, parce que passionnée, mais pour moi "se sentir trop" à un aspect négatif... Que j'ai éprouvé tant d'années... Et puis... un jour... il m'a fait voir combien cela pouvait être merveilleux d'avoir la passion.<br /> Rien de tel pour avancer, pour être motivée, pour progresser...
L
Sourire... merci.
L
un pan de voile tombé pour une belle âme en lumière :)
L
Sam : Merci, ouais hein, j'étais pas mal à l'époque... rire et bises.<br /> Anitta : Et bien me voilà avec deux histoires en route, une fictive et une réelle, de quoi faire encore quelques notes... sourire...<br /> Anne : Une merveilleuse rencontre oui... J'aime dire que le théâtre a été mon prince charmant...sourire et bises.<br /> Erin : Et oui, on peut le dire... rire... Je me sens trop pour tout... sourire...
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