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le blog de luciole
31 octobre 2005

Questions abyssales

ocean1

Je m'interroge sur l'art, sur le sens de tout ça, ce grand capharnaüm! Qu'est ce qui fait qu'on y a une place, parce qu'on la veut, parce qu'on nous la donne? On est nombreux  à travailler, à espérer travailler, à rêver...

Je rage de la médiocrité, la mienne comme celle des autres et j'en souffre souvent, trop, beaucoup, elle m'épuise cette médiocrité. Mes larmes parfois viennent d'elle, de mon impuissance à la combattre. Mais en même temps, je ne sais plus, pas, la définir... c'est quoi la médiocrité? Vous savez cette phrase: " bah, ça ira bien comme ça", cette phrase qui rassure, cette phrase paresseuse, cette phrase qui décide qu'on en a assez de se prendre la tête. Je la prononce parfois, je m'en veux toujours après. Mais quand je ne la prononce pas, c'est tellement épuisant d'aller au délà, il n'y a pas de fin, ça ne s'arrête jamais.
Est ce que je sais seulement ce que je cherche? Mon plaisir? il ne me mène pas très loin, le plaisir des autres? Il est parfois facilement accessible... Alors quoi? Un au delà inconnu, inexploré, un au delà de moi même, de l'humain, un terrain vierge abyssale plus qu'étoilé... Je ne suis pas souvent à la hauteur de mon ambition, non ce n'est pas ça que je veux exprimer. Il ne s'agit pas de hauteur. Je crois que je n'ai pas la force nécessaire pour ce voyage et ça me désespère vraiment. Non, ce n'est pas ça que je veux exprimer, et ça me terrifie vraiment.

Je m'interroge sur les frontières, entre caprice et exigence, entre patience et paresse... Les frontières entre mon égo et ce qui le dépasserai. Parler de moi ne m'intéresse pas, je ne suis profondément que l'outil le plus accessibles de mes interrogations. Je voudrais caresser l'art, même l'effleurer à peine, le toucher  du bout de l'encre. Même là ce que j'écris là, en cet instant, ici même, n'est pas un désir d'être rassurée, honnêtement vos mots d'encouragement si gentils et sincères soit ils, s'il peuvent mettre du baume au coeur ( ce qui n'est pas négligeable) ne sont pas le moteur de ce qui me fait m'asseoir tout les jours derrière mon ordinateur. Non, ce qui me fait m'y asseoir, c'est l'espoir, prétentieux sûrement, de vous prendre la main et de vous faire toucher du doigt l'abysse de nos âmes. Enfin que nous y pénétrions ensemble à travers mes mots.

Il y a quelques jours, j'ai ressenti un plaisir immense à sentir que  mes paroles entraient dans le cerveau de quelqu'un, que mes paroles allaient dorénavent nourrir sa réflexion... Et derrière ce plaisir je me suis sentie grisée et là intervient le doute. Est ce que je sais m'arrêter là où il faut, est ce que ce plaisir n'est pas un goût de pouvoir, suis je assez vigilante sur moi même pour être vraiment dans la générosité et non pas dans la glorification de mon égo?
Je sais que s'il prend le pas, alors l'autre est en danger, parce que la confiance que je gagne peut s'en trouver trahie. Je ne veux pas, jamais, trahir cette confiance. Alors je me surveille. Parfois je me suis oubliée à trop m'écouter, prise dans l'envolée de mes réflexions, parfois j'ai laisser mon plaisir dominer mon propos. Quand je m'en rends compte je me vomis, je me honnis, c'est tout ce que je déteste!
Trouver encore cette voix, cette voie du milieu entre l'autre et moi, entre le plaisir nécéssaire que j'éprouve à participer à son évolution et l'humilité des limites que je ne dois pas franchir... Je sais que je les franchis quelques fois, je n'aime pas ça... Je parle de ma responsabilité de prof là.

Je m'interroge sur le sens de mes désirs, d'écrire, d'enseigner, de jouer, de mettre en scène... Je m'interroge sur la place que j'ai ou que je n'ai pas. Je ne veux pas être une usurpatrice... Je cherche les repères entre humilité et exigence... N'avoir jamais plus à dire: "bah, ça ira bien comme ça", avoir le courage et la force pour résister à cette phrase, ne pas disperser mon énergie, faire avec le monde réel,  toujours continuer de rêver. Texte abyssal, désordonné, grande foire de mon cerveau expérimental...

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Commentaires
J
Tu te prends surtout la tête, ma chère Luciole.<br /> Mais franchement il prend aux tripes ce billet.
L
C'est juste... Sourires... Merci de lancer ton cailloux dans ces abysses...
F
On ne peut que poser les gens dans leurs résistances qui sont aussi des points d'appui, des réserves de vitalité...plus solides que des abysses... même si les abysses ont la séduction de l'infini...<br /> L'infini plaisir de découvrir des lucioles et autres créatures blogueuses.
L
Paco Barn: quand les mots manquent, lire entre les lignes... Sourires... Merci.<br /> Stef: Sincère sans aucun doute, merci.<br /> Modimo: J'aime beaucoup ta conclusion... sourire.<br /> 36_degrées: Vous faire rêver? Sourire... Tant mieux alors. Merci.
3
luciole...quel que soit le texte de toi que je lis a chaque fois je trouve ca magnifique !! " ca ira bien comme ca " dis tu mais avec toi il n' y a pas de "ca ira bien comme ca" car tu sais toujours nous faire rever
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