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le blog de luciole
30 juillet 2005

Vie en bataille...

enfance_1

J'étais celle qui menait le combat, ma vie comme une éternelle bataille. Je croyais qu'il fallait se battre, contre soi, contre les hommes, contre les coups du destin qui savaient se montrer si durs. Volontaire, oui sans doute, battante, je pensais ne pas avoir le choix. Méfiante jusqu'à la moelle, moment de bonheur fugace assombrie de peur et d'angoisse, la chûte serait toujours si difficile, la chûte comme l'innéluctable fin, la mort. J'avais peur de la mort? Non, j'avais peur de souffrir. Je pensais qu'un jour je tomberai définitivement dans la souffrance et j'étais térrifiée, je pensais qu'un jour je n'arriverai plus à me battre et qu'alors, n'étant plus que vulnérable, le reste de ma vie ne serait que souffrance... Quelle peur j'avais! Cette peur était mon moteur, mon essence, cette peur était mon courage et ma rage, elle était moi...

J'ai traversé des océans obscures, j'étais toujours si fatiguée, ma fatigue nourrissait ma peur, l'usure faisait son oeuvre, j'étais sûre de sombrer. A me débattre comme une noyée, j'ai touché parfois certaines rives où j'ai cru pouvoir me reposer, je ne trouvais que des Ils hostiles qui finissait par me rejeter à la marrée. Je  repartais dans la bataille avec leur fatigue en plus de la mienne, chaque fois une pierre de plus à mon cou, de plus en plus difficile de lutter pour surnager, Ils me tiraient vers leurs fonds, je manquaient d'air, je partais en apnée.

J'ai dit tant de fois NON, que l'on pensait que ça m'était facile. Chaque refus était un effort de plus, une façon de gagner du terrain sur ma liberté, sur ma survie. Mon corps me disait des choses que je ne comprenais pas. Il trouvait toujours le moyen de me faire mal, c'était une bataille de plus. Plein le dos dit on, trop porter sur les épaules, en avoir la nausée. Traverser le champs de la stérilité, je me sentais vide, mon corps ennemi me le confirmait.
J'ai été malade si souvent, je ne comprenais pas pourquoi. Une rage montait en moi, la rage de la peur, si je n'avais pas toute ma force, tous mes moyens, comment lutter, j'allais encore souffrir. Un cercle vicieux effroyable. Et pourtant, j'étais le clown, le gai luron, j'étais celle qui avait la foi, j'avais les foies, j'étais toujours en train de rebondir d'une douleur à l'autre. On m'a dit si souvent en me voyant pleurer que j'allais m'en sortir puisque j'étais si forte, que j'avais fait déjà tant de chemin, que j'avais gagné tant de batailles. Mes larmes étaient une douleur pour eux, je représentais un espoir, c'est comme si je les avais entendu me dire: "tiens pour nous, nous qui n'avons pas tenu, nous qui n'avons pas eu la force de nous battre, nous qui avons choisi d'être victime".
Un jour dire: "Mais à quel prix? Je suis si fatiguée, je n'ai plus la force, je sens que je suis arrivée au bout de cette route, cette fois c'est la dernière, je ne vais pas pouvoir survivre à la suite, j'ai peur, tellement peur, tellement peur, tellement peur..." Et des larmes intarissables, des sanglots gros comme des galets, des cris rentrés dans ma bouche déformée, un appel au secours qui serait le seul et le dernier...

J'ai découvert quelques chose que j'ignorais totalement. C'est qu'il existe d'autres êtres humains qui entendent nos appels au secours quand on les lance. J'ai trouvé des cadeaux d'amitiés, j'étais si étonnée... Je n'avais plus la force de résister à leur amour, j'ai dû les laisser faire. C'était nouveau, c'était si incroyablement bon. Tout doucement je me suis laissée apprivoiser, petit animal sauvage qui découvre qu'il n'y a pas que des prédateurs.
Mon épuisement était si grand, trente années de batailles acharnées, des Ils et des Elles me sont venus, certains pour me poser, d'autres pour m'envoler. J'ai découvert vraiment que l'on pouvait m'aimer si je me laissais faire. Je n'en reviens toujours pas. Je suis comme une enfant qui découvre l'océan, un horizon vaste et inconnu, magnifique.

Ce que j'ai fait de ma peur, cette vieille compagne... Elle est toujours là, elle sera toujours là, j'ai cesser de lutter contre elle et moi. La litanie de la peur dans "Dune": "je ne suis pas ma peur, elle passera et quand elle m'aura traversée il ne restera que moi". Il ne reste que moi. Je me dis bonjour avec les yeux de la découverte. Qui suis je?
J'ai fait mon travail d'archéologue, déblayé les couches successives du passé, j'ai trouvé mon coeur... Je crois...

l__t_

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Commentaires
P
Bonjour, on ne se connait pas et cela n'a aucune importance car je sais de quoi vous parlez..<br /> arrivé sur cette page par hasard - en recherchant la litanie de la peur qui m'avait tant marqué dans Dune - j'y ai trouvé un être humain comme je les aime, et une écriture libre et féconde.<br /> <br /> Merci pour ce moment de grâce Luciole, et sachez que sans vous connaître désormais je penserai à vous quand j'entendrai le mot "peur".<br /> <br /> Pushkine
L
Anne: bises, merci de ton passage.<br /> Jid: Et oui, Dune...Référence commune je sais... Sourire.
J
C'est bête j'étais scotché au texte et puis hop une référence à Dune et j'ai totalement perdu le fil, je suis parti dans mes souvenirs de Dune.
A
Des bisous.<br /> <br /> Le reste tu sais et moi je manque de mots.
V
Les vacances étaient au delà de mes espérances, juste nous cinq, à jouer à rigoler, à se ballader. Rien d'extraordinaire, mais c'est ça qui était bien.<br /> Et j'ai vu que les trois frangines étaient réunies pour les vacances. Surtout ne soyez pas sages et profitez-en les filles.
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