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le blog de luciole
13 juillet 2005

Vers ses vingt ans...

luce

Elle avait à peine 2O ans. Elle prenait des cours de théâtre. Elle rêvait encore un peu de gloire mais déjà plus autant. Elle se sentait trop étrangère parmi les autres. Elle s'était toujours sentie étrangère. Ce milieu soit disant d'excentrique n'y changeait rien. C'était une fille sauvage. Une fille cachée. Toute sa vie était sur le plateau quand elle travaillait. Il n'y avait que ça qui existait. Il lui arrivait de retenir ses larmes, de les garder pour un personnage. La scène était tellement plus intense. Les personnages qu'elle avait à jouer, tellement plus intéressant qu'elle. Elle écoutait les autres mais ne se mêlait pas à eux. Elle n'y arrivait pas. Beaucoup lui en voulait d'être si étrangère, si inaccessible...

Elle les regardait, elle devinait leurs masques et n'en pouvait plus des siens.
Le Dandy était en fait un garçon timide caché derrière une accumulation de savoir. Outil de séduction: un air faussement dégagé. Faisait l'admiration de quelques une, s'exposait à la moquerie de la plupart. Il en faisait toujours un peu trop. Il compensait.
La midinette était en faite une jeune fille perdue ne s'aimant pas, ne sachant pas dire non. Outil de séduction: décolleté en avant, gloussement permanent.  Ennemie des autres femmes, toujours rivales, méprisée des hommes à qui elle disait toujours oui.
La parasite,  était en fait une fille prisonnière de ses angoisses. N'existant que dans le malheur des autres, s'en sentait moins seule, moins vide. Ne songeant pas à séduire mais à envahir. Fouineuse des confidences, livre de la rumeur, l'amie lors du malheur, qui ne pardonnait pas le bonheur.
Le maudit avait trouvé son arme de survie et d'existence dans une plainte permanente. Outil de séduction: Des larmes de garçon mal aimé, incompris. Fascinait la plupart des filles et leur instinct maternelle. En exaspérait d'autres.
le doux dingue, peut être le seul qui ne jouait pas un rôle, de fait se trouvait exclu du groupe. Se permettant d'être lui avec une certaine inconscience. L'ami fidèle parfois, l'excentrique  mettant du piment dans la vie. Celui qui faisait peur aussi, trop différent.
le guignol, ou encore le bout en train, se conjuguait aussi bien au féminin qu'au masculin. L'éternel invité des soirées. A y regarder de plus près, une tristesse profonde et une grande fatigue. On l'aimait quand il faisait rire, on lui en voulait quand ce n'était plus le cas. Condanné aux bons mots.
la femme enfant, l'intellectuelle, la coincée, la bourgeoise, le voyou, l'agressive...
Partout les mêmes, depuis toujours.
Quel était son masque. .. Elle en cultivait plusieurs. Son regard aiguisé pour tenter de s'adapter, de prendre la forme qui était attendue. Elle savait y faire, mais se trahissait toujours. Sa timidité prenait des airs de prétention, son besoin de solitude, prenait des airs de rejet. On  ne lui pardonnait pas d'être floue. On ne lui pardonnait pas son indifférence, ce regard sans haine et sans amour, juste ce regard posé qui entrait en eux malgrés elle.
Elle n'était qu'un animal blessé qui se cache pour lécher ses plaies. Elle disait qu'elle était transparente, mais d'instinct ils avaient deviné  sa part d'ombre. Ils se trompaient juste sur ce qu'elle cachait.

Elle travaillait. Elle était là pour ça. S'inclure? S'intégrer au groupe? Elle pensait à autre chose. Elle pensait apprendre, apprendre son métier. Elle était dure, elle ne prenait pas le temps d'envelopper ce qu'elle avait à dire. Elle n'avait pas de temps à perdre, pensait elle. Elle était en urgence. Une frénésie. Elle regardait les autres travailler au plateau avec fascination. Ingurgité tout ce qui est dit, se l'approprier. Quand elle était sur le plateau, elle ne pensait même pas aux regards des autres. Il n'y avait plus qu'elle, et la voix de sa prof. Apprendre!
Et puis parfois, elle se le prenait en pleine face le regard des autres. Toujours une bonne âme pour lui dire ce qu'elle n'avait pas demandé. Ils ne critiquaient pas son travail, il était intouchable puisqu'elle n'y aurait accordé aucun crédit. Non, ils s'attaquaient à elle de façon puéril et cruelle comme le sont les enfants. Alors seulement là, elle réalisait à quel point elle était loin de tous. Elle s'en éloignait d'avantage.

De cette époque, il ne lui reste presque rien, des visages mais plus les noms. Des amis, elle n'en avait pas. Il lui reste ses sensations découvertent sur scène. Et puis aussi, parfois, quand maintenant elle enseigne, elle retrouve sa propre prof, certains élans, certaines impulsions. Elle sourit à ce passé, et à cette sensation que quelques chose d'infime est passé de l'une à l'autre plus sûrement qu'a tout ceux qui paradait pour s'en faire aimer... Elle est partie, elle a fait ce que cette femme lui a dit: " Allez faire votre métier mademoiselle".

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Commentaires
L
Les mêmes, partout, toujours... j'aime bien devineuse... sourires.
M
Galerie de portraits, rencontrée au fil de ma vie, tu es vraiment une devineuse...
L
Quand il fait bien les choses, on aime à l'appeller "destin"... Sourires.
L
Elle la regarda et eu l'impression de la reconnaitre<br /> Elle lui ressemble tant<br /> Sa soeur jumelle, son âme soeur...<br /> elle est troublée.<br /> ELLE est comedienne, sans doute. Elle joue la comèdie. Elles sont toutes les deux Douées.<br /> Elles aiment jouer aux mots à mots<br /> Le hasard fait bien les choses.
L
Merci à toi.;-)
le blog de luciole
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