Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le blog de luciole
9 décembre 2005

Voler l'éphémère.

50616668_4d4a26cd79
photo mr Filizola

Je me baladais sous le soleil de cette avenue dépaysante. J'avais laissé mes amis derrière moi, avec juste cette envie de marcher un peu seule, de sentir, de m'enivrer de cette liberté que l'on ressent toujours loin de chez soi. La liberté d'être quelqu'un d'autre, sans habitude, sans attente. Être étrangère aux autres, être inconnue, sentir ces regards neufs sur soi, sentir qu'alors tout est possible, rien n'est encore fait, rien n'est encore construit.

Les bruits, les odeurs, les voix surtout, ces voix croisées qui toutes me racontaient une histoire rien que pour moi, cette musique, ce nouveau rythme qui me gagnait... Mes jambes battaient le tempo de cette ville, un tempo fiévreux  et heureux aux accents de faim.
J'avais bien sur toujours mon appareil photo avec moi, mais je voyais trop de choses, tout me paraissait si fort qu'il me semblait impossible de transcrire cela dans une image figée. Je levais mon appareil photo et renonçait devant la tâche incommensurable de dire cette vérité émotionnelle qui me traversait.

Je tournais le coin de la rue et je le vis. Il était beau et en même temps trop, trop je ne sais quoi ; fiévreux comme son pays. Quand je le vis faire ce geste, sortir son peigne pour se recoiffer, se mirant dans le reflet d'une voiture, elle même sorti d'un autre temps ; je pensais à Fellini, je pensais aux film des années cinquante et la scène se déroulait là devant mes yeux.
Mais le temps que je lève mon appareil photo, il avait fini et marchait déjà vers un rendez vous, probable... Alors je vis autre chose, je vis un monsieur d'un âge indéfinissable, son appareil photo à la main, qui me regardais avec un large sourire. Je lui dis: "Vous l'avez eu?" Je ne m'étais même pas souciée de savoir s'il parlait Français, ma question avait surgie sans que j'ai le temps d'y penser. Il me répondit avec son accent de soleil: " Oui, je l'ai eu..." Ses yeux brillaient, je reconnaissais l'étincelle du chasseur d'images qui sait qu'il a fait prisonnier l'instant magique, celui là, voler à l'éphémère, celui que nous cherchons toujours à saisir.

Il m'invita à boire un café, je ne me posais aucune question, je le suivais. Dans le café, tout attirait mon regard, comme toujours, je ne pouvais me résoudre à m'arrêter. Mes yeux avides voulaient tout prendre. L'homme me dit: " Vous voulez tout et vous ne prenez rien, soyez moins affamée de vie, soyez gourmet". Oh, comme ce mot résonnait dans sa bouche! Je lui souris. Il me montra quelques une de ces photos, en quelques images je découvris ce que mes yeux ne pouvaient voir mais que mon corps avait senti. Je pleurais, je riais, chacune d'elle était la vie, celle de ce pays qu'il connaissait si bien. Nous avons parlé des heures, il me demanda mon mail, pour, me dit il: " Au cas ou je vienne un jour dans votre ville, vous voudrez bien être mes yeux." Je rougis et lui dit que c'était impossible, que mon regard ne vaudrait jamais le sien. Alors il sourit encore et je pu lire dans son visage toute la confiance qu'il avait en moi.

Je rentrais chez moi, dans ma ville, sans aucune photo valable de mon voyage. Je consultais mes mails, avec le secret espoir d'avoir un mot de lui. Je reçu bien plus qu'un mot de lui ; cette photo, celle que je n'avais pas pu prendre, celle que lui avait prise. Avec  ces quelques mots: "A ma chère Française, je vous l'offre, pour ce que nous volons à l'éphémère". Je découvris d'autres photos, moi, me baladant dans sa ville. Alors je compris qu'il m'avait suivie, que je l'avais guidé, sans m'en douter, vers cette image. Merveilleux homme... Demain il vient ici, dans ma ville, et je serais ses yeux, oui, comme cette fois là...

Je dédie cette histoire à L'absente et à Sugar aussi ...

Ma participation au dyptique n°8 d'Akynou

Publicité
Commentaires
L
Merci beaucoup, je suis très touchée par votre commentaire et très heureuse que cette histoire vous ait plu.
F
J'aimé cette histoire, je comprends bien le françai et je le parle un peu... mais je lécrit trés mal, comme tu sait par le coments au flickr...<br /> <br /> L'histoire est comme un film...je vois la fille que s'áproche avec la camera...mais le monsieur est la et il va se pegner... ma camer a est toucher au point.. voilá... j'ai la photo et la fille??? elle marche vers moi!!!!<br /> <br /> "je reconnaissais l'étincelle du chasseur d'images" j<br /> je disais cette semaine a un ami... "c'est comme chasser cést la meme emotion"<br /> <br /> merci pour ecrire une histoire si belle...
L
Sourire, Un court metrage, ça me plairait! Rire! Merci encore!!!! Bises!
M
Trés jolie histoire, presque une nouvelle, un court métrage...bravo...
L
Il parle français? Sourire... ça me ferait plaisir qu'il le lise... Merci, bises!
le blog de luciole
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité