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le blog de luciole
9 mai 2005

désirer un enfant, dernier épisode: le chemin des amours mortes

coeurbris_1_       C'était le temps de la valse des piqûres, de la ronde chez le médecin, des tangos de lit....

Mais bientôt, elle en fut fatiguée, mais bientôt, elle sentie à quelle point elle était seule, mais bientôt elle laissa tomber devant les échecs successifs, elle baissa les bras devant ce désir qui ne se réalisait pas. Alors elle fit un enfant différent, elle se lança à corps perdu dans son travail, elle n'eut plus de temps pour rien ni personne d'autre.

A son amoureux elle dît qu'il fallait qu'il s'occupe de lui seul, qu'elle ne le porterait plus, qu'elle n'en avait plus ni la force, ni le goût. Pendant neuf mois, cela n'était ni conscient ni un hasard, elle se consacra à cette création, de toute son âme et de toutes ses angoisses, là elle vie naître une femme, là elle vie naître des hommes, là elle se sentie créatrice à défaut d'être mère... Et quand ce Bébé là naquit et qu'elle l'offrit au monde, elle n'avait plus de force, plus de vie, plus de substance, elle y avait tout laissé, et son amour pour son amoureux devint un poids dont elle ne pouvait se libérer. Elle n'avait plus rien à offrir, elle était sèche, tarie, stérile...

Alors elle l'appela au secours, de ses dernières forces, sortit des larmes, et des prières...
Elle lui disait: "Retiens moi, je sens que je m'en vais". Et cela lui faisait aussi peur que mourir...
Il se taisait, il glissait, il la laissait partir... Alors dans un sursaut, elle voulut se battre encore, se battre à deux.

Elle lui disait: "Je ne ferais pas un enfant seule, avant d'aller plus loin, avant de recommencer cette valse, je veux être sûre que tu seras à mes cotés, que cet enfant c'est avec toi que je le ferais et pas avec un médecin."
Il ne lui disait rien, il se taisait, mais son regard n'était qu'angoisse, jusqu'au jour où il cria: " Je ne veux pas d'enfant! Je ne voulais pas te perdre, mais je ne veux pas d'enfant, je ne peux pas fournir, je ne peux pas fournir, je ne peux pas fournir!!"

Elle se disait fournir quoi? Mais elle entendit ce cri résonner si fort, dans son ventre vide. Elle repensa à tout ce qu'elle avait espéré, à son bonheur à lui qu'elle avait cru pouvoir faire. A ce qu'elle avait donné à  cet homme, cet amour si fort qu'elle avait eu pour lui.
Elle ne pleura pas, elle n'avait plus de larmes ce jour là, mais à son tour elle cessa de se battre car vraiment, seule, elle ne pouvait pas. Il la quitta en se croyant quitté, ils se sentirent tout deux abandonnés.

Elle crut qu'elle allait mourir de l'avoir perdu, elle cru qu'elle allait mourir...
Il ne put s'empêcher de la blesser pour se sentir encore aimer, il aima une autre femme très vite, une amie à elle, une de ses plus proches.

Elle était au delà de la douleur, elle fit des cauchemars, des rêves de meurtre, mais c'est elle qu'elle voulait tuer. Cette haine en elle en héritage de cet amour si fort...

Et puis, on le savait qu'elle était forte, fatiguée, juste fatiguée, on le savait qu'il fallait qu'elle se repose, alors d'autres se mirent à prendre soin d'elle et elle découvrit enfin le bonheur de recevoir. Elle se laissa faire, elle n'attendait que cela, que l'on s'occupe d'elle et de cette petite fille en elle, celle qu'elle n'avait jamais cessé d'être. Elle appris à remercier son corps de l'avoir protégée d'un enfant de lui, elle apprit que son chemin serait différent et qu'elle ne pouvait le connaître d'avance, elle accepta ce qui était et qui ne pouvait être différent.

Et puis un jour, elle aimera à nouveau mais non plus en tombant, en s'élevant, un jour elle pourra donner à nouveau, sans peur de se vider, elle pourra donner à nouveau et ce don la remplira au contraire. Un jour elle saura que sa lumière est intarissable...

Fin.

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Commentaires
L
Oui, c'est tellement dur...
M
"Elle apprit que son chemin serait différent et qu'elle ne pouvait le connaître d'avance, elle accepta ce qui était et qui ne pouvait être différent"<br /> <br /> Tout est dit, ça à l'air tellement simple mis à plat comme cela, mais c'est tellement dur parfois !
P
Ce texte est beau. Et j'aime l'espoir qu'il porte.<br /> <br /> Ho oui, tu sait donner. Et c'est un bonheur de recevoir de toi.
J
Jolie remontée dans l'espoir, la sensation d'étouffement que je ressentais à la lecture des précédents posts est (presque) parti.
L
Si je m'aimais comme tu m'aimes... Merci.
le blog de luciole
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